La spécificité de mon travail des chevaux réside dans le fait que mon outil principal est la voix. Je leurs parle tout le temps, mais pas n’importe comment. Voici quelques pistes de réflexion qui pourront peut-être vous aider à vous lancer…
Pourquoi parler aux chevaux ?
Les chevaux sont des êtres sensibles extrêmement intelligents avec une grande capacité de réflexion. Pour peu que l’on prenne le temps de les éduquer à la voix, ils se révèlent très attentifs. L’usage de la voix trouve difficilement sa place dans notre équitation classique. Bien qu’elle figure parmi les aides cavalières naturelles, au même titre que les mains, les jambes ou le poids du corps, elle n’est reste pas moins marginale. Il suffit de voir les règlements de dressage où son usage est tout simplement prohibé en compétition. Lorsque l’on se penche un peu plus sur ces aides, on remarque rapidement que trois d’entre elles s’adressent au physique du cheval alors que la quatrième s’adresse à sa tête. Les mains, les jambes et le poids du corps nous permettrons d’avoir un impact sur le corps du cheval, mais ce n’est pas parce qu’il exécute nos demandes que le cheval partage ce moment avec nous. Sa tête et son esprit peuvent être focalisé sur tout autre chose. Avec la voix il n’en est rien, si l’on veut que nos demandes aient de l’impact chez lui, il nous faudra absolument avoir son attention et son intérêt. Avec la voix on ne force pas, on invite. Et c’est peut-être à ce moment-là que peut naître un sentiment d’impuissance face à ce cheval qui pour beaucoup « n’écoute rien », voire « ne comprend rien ». L’usage de la voix peut paraître fragile et son efficacité aléatoire, ce qui a peut-être contribué à en faire une aide méconnue et mal-aimée. Et pourtant c’est bien plus compliqué en réalité. Pour peu que l’on prenne conscience des différents facteurs qui entrent en compte et que l’on procède avec méthode, votre voix se révélera être un outil extraordinaire que vous aurez à disposition pour enfin entrer dans un vrai dialogue avec votre cheval.

La voix permet une vraie rencontre avec le cheval
Plusieurs paramètres sont à prendre en compte lorsque l’on souhaite se servir de la voix comme d’une aide précieuse. Il ne s’agit pas de parler sans cesse ; ce n’est pas parce que l’on parle à son cheval qu’il se sent concerné, et encore moins que cela a un impact sur lui. Lorsque l’on s’adresse au cheval, le pré-requis indispensable est d’avoir son écoute et son attention. Dès cet instant, il sera disposé à apprendre. Bien sûr, les avancées en éthologie et son apparition de plus en plus répandue dans le paysage équestre ont considérablement amélioré le statut du cheval et la prise en compte de ses besoins et de son fonctionnement. Malgré cela, certains cavaliers se trouvent démunis.
Éduquer son cheval à la voix prend les choses dans l’autre sens. Au lieu d’enseigner aux humains à penser et agir « cheval », nous allons enseigner aux chevaux à comprendre les humains. Nous allons leurs apprendre notamment du vocabulaire, un peu comme lorsque nous apprenons une langue étrangère. Pour cela, il nous font comprendre comment se passe la communication orale au sens large, de quoi est faite la parole : du vocabulaire, des intonations, des registres vocaux, du rythme… et de l’émotion. Il faudra apprendre à parler « juste », d’une voix précise et efficace. Parler au cheval en ayant son attention et son regard posé sur nous est le premier pas vers la reliance. Nous allons l’accompagner d’une manière extrêmement bienveillante, dans une pédagogie toujours positive avec un seul objectif, le plaisir « partagé » de vivre quelque chose ensemble.
Des changements impressionnants
Travailler un cheval à la voix aura de nombreux effets positifs sur lui, il va se libérer, apprendre à s’exprimer et à vous livrer ses ressentis et ses émotions (qu’il faudra accueillir et prendre en compte), prendre confiance en vous et en lui, et toutes ses oppositions vont se dissiper. Il n’y aura plus de résistance puisque vous serez dans une relation d’échange et d’écoute. Tout lui sera expliqué. Très souvent les raisons pour lesquelles un cheval vous oppose des résistances sont qu’il n’a pas compris ce que vous lui demandez, ou qu’il n’en est physiquement pas capable. Lorsqu’un cheval ne comprend pas et se braque, il peut simplement ne pas avoir appris ce qui lui ai demandé, comme cela peut être tout simplement une demande mal effectuée. Avec la voix, l’équitation s’en trouve apaisée. Il n’y a plus d’incompréhension de la part du cheval, ce qui est habituellement une grande source de stress et de réticence. Un cheval qui aura appris à quoi correspond un mot saura quelle réponse lui est demandé et pourra agir même si la demande mains-jambes-poids du corps est ambiguë. La voix réussit à contrebalancer les imperfections cavalières. Le résultat est d’autant plus frappant lorsque l’on travaille avec un cheval difficile, qui a appris un certain fonctionnement, agressif, voire en bagarre contre l’humain. À ce moment-là nous changeons les codes, nous sortons de l’affrontement pour lui proposer quelque chose de nouveau, qu’il ne connaît pas. Nous ne sommes plus dans un rapport de faire-faire où le cheval va devoir se soumettre, mais réellement dans une démarche où on va lui demander les choses pour que lui les fasses ensuite. Notre objectif est qu’il prenne plaisir dans le travail, et notre voix va nous permettre de créer une atmosphère légère et agréable. Les chevaux vont devenir demandeurs, volontaires et autonomes. Placer les chevaux dans un dialogue va leurs demander de s’investir dans nos échanges, de manière réfléchie et concentrée. C’est une vraie relation qui va se tisser entre vous, riche, sincère et épanouissante, autant pour vous que votre cheval.
Apprendre à leurs parler est une merveilleuse aventure que je vous invite de tout cœur à commencer dès que possible !