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Avant de rentrer au coeur de ce sujet, je voulais revenir brièvement sur la notion de relation…
Qu’est-ce que cela signifie vraiment « avoir une belle relation avec son cheval » ?
Je crois qu’à cette question, chacun aura sa propre réponse : pour certains ce sera d’avoir un cheval bien dressé, qui obéit à toutes leurs demandes, pour d’autres ce sera davantage un lien d’amitié.
Et parfois les personnes doutent, se questionnent, est-ce qu’avoir une belle relation avec son cheval passe forcément par avoir un cheval bien dressé, qui obéit à nos moindres demandes, comme on peut le voir dans de nombreuses vidéos sur internet ?
Un cavalier parvenant à faire réaliser des prouesses à son cheval entretient-il toujours une relation harmonieuse avec lui ?…
Malheureusement, pas forcément… On a souvent tendance à associer cheval obéissant avec relation harmonieuse… Mais ce n’est pas le niveau de dressage d’un cheval qui détermine son épanouissement, ni s’il apprécie ce qu’on lui demande de faire, ou même votre présence…
En ce qui me concerne, la relation telle que je la conçois, c’est une harmonisation entre l’humain et le cheval, un équilibre parfait entre deux êtres qui partagent le même bonheur d’être ensemble, heureux, épanouis, capables de se comprendre d’un regard, et unis par un profond Amour l’un envers l’autre. Si je pars de cette conception de la relation, et que j’en reviens à cette image du cheval obéissant, ce n’est pas parce qu’il n’oppose pas de résistance qu’il prend forcément du plaisir à réaliser ce qui lui est demandé.
Nous sommes malheureusement conditionné.e.s à voir ce que l’on veut nous faire voir, et ce n’est pas parce que les images semblent belles et féériques qu’elles le sont réellement du point de vue du cheval, et parfois, derrière une apparente relation fusionnelle se cache beaucoup de soumission…
Pour autant, cela n’empêche pas que certains chevaux, réalisant exactement les mêmes figures, le feront avec plaisir, envie, en étant heureux de partager ce moment avec leur humain…
Mais alors où se situe la différence, quel élément rentre en compte entre un cheval soumis et un cheval volontaire, entre un cheval résigné et un cheval heureux ?
Que peut-on changer dans notre quotidien pour transformer une telle situation ?
Nous pouvons tout simplement commencer par modifier notre manière de considérer notre cheval, en faisant le choix de porter davantage d’importance à ce qu’il ressent lorsque nous sommes ensemble, et que nous lui proposons de faire quelque chose avec nous.
Je pars du principe que nous pouvons tout faire avec les chevaux… tout dépend de la manière. Entre la soumission et la coopération, nous avons le choix, même si la coopération implique de notre part une plus grande ouverture d’esprit, et une capacité à se remettre en cause. Faire le choix de tenir compte de ce que ressent notre cheval va nous amener à nous questionner sur ses émotions, sur la manière dont il perçoit les choses, et cela révolutionne parfois notre rapport aux chevaux et à l’équitation, car cela implique de changer ses propres codes, ses propres croyances, et ce n’est pas toujours facile…
Porter un nouveau regard sur les chevaux…
Si vous souhaitez vous exercez, prenez le temps la prochaine fois que vous observerez un cheval lors d’une séance de travail de regarder ses yeux, ses expressions faciales… et de vous demander ce que vous percevez ? Le cheval est-il à l’écoute, les yeux brillants, grand ouverts, les traits détendus, ressentez-vous de l’envie et du plaisir ou au contraire vous semblent-il éteint, renfermé dans sa bulle, les traits tirés, la mâchoire serrée, exprime-t-il indu stress, de la colère, est-il absent ou résigné… ?
Cet exercice n’est pas forcément évident la première fois, et cela dépendra aussi de votre parcours équestre, de votre sensibilité, de votre facilité à voir et comprendre les différentes expressions faciales du cheval. Cela vous demandera aussi beaucoup d’attention pour rester dans l’observation et l’analyse objectives et non dans l’interprétation ou l’anthropomorphisme.
Cet exercice permet de travailler le regard que l’on porte sur les chevaux. Généralement nous avons l’habitude de regarder le corps du cheval dans sa globalité, de nous attarder sur ses éléments locomoteurs. Ici, il sera question de regarder presque au-delà du corps, un peu comme si nous plongions dans son regard pour pouvoir en saisir les émotions et les pensées.
C’est quelque chose que nous faisons plus naturellement avec les humains, un enfant n’aura pas besoin de parler pour que nous puissions lire sur son visage s’il est heureux ou triste, inquiet ou en colère… Avec les chevaux c’est exactement la même chose, à cette différence près que très souvent, nous n’avons pas appris ou pas l’habitude de les voir.
Comprendre les émotions de l’autre implique d’avoir de l’empathie à son égard, de considérer les choses de son point de vue à lui plutôt que du nôtre.
Qu’est-ce que l’empathie ?
Il existe trois types d’empathies.
La première est appelée empathie cognitive, il s’agit simplement du fait de comprendre et de savoir ce que ressent l’autre.
La seconde est l’empathie émotionnelle, c’est elle qui nous fait ressentir l’émotion de l’autre, parfois même jusqu’à la sentir physiquement.
Et la troisième forme d’empathie est celle que l’on nomme empathie compatissante, c’est celle qui nous permet à la fois de comprendre ce que ressent l’autre, de partager ses émotions, et d’avoir envie de l’aider. C’est l’équilibre entre l’empathie cognitive et émotionnelle, qui nous permettra d’agir sans être nous-même submerger par les émotions de l’autre.
L’empathie n’est pas toujours facile à développer, comprendre ce que ressent l’autre, être le miroir de ses émotions implique que nous ayons nous même déjà accepté d’accueillir nos propres émotions. Il m’est déjà arrivé d’accompagner une personne dont l’éducation l’avait conditionnée à retenir ses émotions, à les verrouiller, à les faire taire, à ne surtout pas en tenir compte, complètement déstabilisée devant un cheval qui débordait d’émotions, que cette personne ne pouvait tout simplement pas comprendre.
Il y a une citation de Brené Brown que je voulais vous partager, parce que je la trouve très belle et si juste :
« L’empathie, c’est simplement écouter, offrir de l’espace, retenir son jugement, établir une connexion émotionnelle, et partager ce message qui soulage de manière incroyable que vous n’êtes pas seule ».
En étant capable de faire preuve d’empathie auprès de votre cheval, vous allez également lui exprimer quelque chose de très puissant, un peu à la manière du film Avatar : « Je te vois »… Je te vois au plus profond de toi, je vois ce que tu ressens, je vois qui tu es, et je t’accepte tel que tu es. Faire preuve d’empathie à l’égard de l’autre, aide à établir avec lui une connexion sociale forte, à lui apporter un soutien émotionnel protecteur important, un environnement rassurant et bienveillant.
L’empathie demande aussi de faire attention aux préjugés et aux interprétations que l’on peut avoir, qui peuvent venir fausser nos perceptions, et par la même occasion nos mises en actions.
Le choix du coeur
Faire preuve d’empathie avec nos chevaux va également nous demander de développer une forme d’humilité. Lorsque l’on fait le choix de s’interroger sur ce que vit l’autre, il faut accepter que ce que cela va nous apprendre ne soit pas forcément agréable, que notre relation n’est peut-être pas aussi épanouissante pour notre cheval que ce que l’on pensait, sans pour autant le vire comme un échec ou un rejet.
Au contraire, il faut y voir un cadeau, une merveilleuse opportunité de faire évoluer votre relation, de l’emmener à un niveau supérieur que vous n’auriez jamais atteint si vous n’aviez pas eu ce courage de changer, l’occasion de repenser la place de chacun, et de faire grandir ce lien entre vous pour pouvoir enfin atteindre la pleine harmonie.
Considérer son cheval avec empathie représente un peu le point de départ, la clé d’une connexion sincère et bienveillante, et c’est une qualité qui se développe et s’exerce au fil du temps.
Vous avez déjà dû entendre dire que les chevaux étaient des animaux du silence, et que pour communiquer avec eux, il était préférable de ne pas leurs parler. C’est un sujet que je souhaitais aborder, afin de vous partager les différentes raisons qui font que je ne suis pas forcément de cet avis, et de vous apporter peut-être un nouveau regard sur la question, qui pourra, je l’espère, vous aider à trouver le mode de communication qui « vous » correspond, et cela en toute sérénité !
Mais avant d’entrer dans le détail, revenons à la notion de silence, et de son sens exact. Pour moi, ce mot revêt deux significations majeures :
- l’absence de bruits ou de sons
- le fait de se taire, de ne pas parler
Ces deux notions ne sont pas représentatives de la vision que j’ai des chevaux, mais renvoient davantage à notre propre difficulté à les « entendre ». Pour mieux comprendre la manière dont je perçois les choses, je vous propose une mise en perspective pour chacune de ces significations…