Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’il pouvait se cacher derrière ces trois petites lettres ?… 🤔 « N.O.N »… un mot tout ce qu’il y a de plus banal, que l’on emploie à longueur de journées, y compris avec nos chevaux. Vous êtes-vous déjà questionné.e sur son efficacité, est-ce que le « non » à un sens pour votre cheval ? Et surtout, quel rôle peut-il bien jouer dans votre relation et les échanges que vous entretenez avec votre cheval ? Voici plusieurs pistes de réflexions…
Le sens du mot
Que ce soit pour demander l’arrêt d’un comportement ou d’une action indésirable à notre cheval, ou encore pour corriger une erreur, le premier mot que nous employons généralement est le « non ». Lorsque j’accompagne des couple humain/cheval à la découverte de la voix et de son utilisation, je constate chez beaucoup de personnes une habitude commune et très récurrente, celle de dire « non » à son cheval dans de nombreuses situations et à de nombreuses reprises. Mais souvent les « non » s’enchaînent, sans pour autant avoir de réels effets sur leur cheval, qui parfois n’y porte même aucun intérêt…
Lorsque l’on apprend l’équitation, on nous enseigne à ne pas « blaser » le cheval à la jambe. Par une utilisation permanente et discontinue de nos actions de jambes, nous risquons de voir son emploi être banalisé par le cheval, ce sera alors malgré nous que nous allons apprendre à notre cheval à ne plus y prêter attention, et perdre ainsi l’efficacité de son utilisation. Il faudra alors redoubler d’efforts et de forces pour parvenir au même résultat (et encore ! 😅) qu’avec un cheval pour qui les actions de jambes ont un sens clair.
Avec le mot « non », c’est exactement la même chose ! Utiliser à tort et à travers, il en perd sa signification pour votre cheval, qui premièrement ne comprendra pas forcément pourquoi vous l’utilisez, et deuxièmement, il aura tellement l’habitude de l’entendre à longueur de séances qu’il n’y prêtera plus aucune attention lorsque cela sera justifié !
Un cheval peut-il comprendre le sens du mot « non » ?
Si le « non » est utilisé avec parcimonie et de manière réfléchie, juste, dosée et consciente, oui, tout à fait, et avec beaucoup d’efficacité ! Ce que je conseille habituellement, c’est de commencer par clarifier dans votre esprit ce qui nécessiterait selon vous un « non ». Pour ma part, les règles que je me suis fixées sont très simples, j’essaye de le limiter au maximum à trois situations précises : un cheval qui mord, tape ou bouscule, et cela de façon volontaire. En gros, à tout ce qui peut être dangereux et pourrait nuire à mon intégrité physique.
En dehors de ces trois situations précises, j’essaye de l’utiliser le plus rarement possible, afin qu’il garde vraiment tout son sens pour le cheval. Là où le travail de la voix est intéressant et enrichissant, c’est que par la subtilité de son utilisation, on va pouvoir rajouter une « couleur » à ce que l’on dit, les nuances données à nos intonations vont nous permettre de faire saisir à notre cheval la notion que l’on souhaite rattacher au mot, en l’occurrence, si « non » = interdit ❌, alors je vais jouer sur ma voix pour qu’elle soit ferme, mais sans excès d’émotions, parce que fermeté ne veut pas dire colère.
Vous comprendrez donc naturellement que si « non » signifie interdiction, mais que vous l’utilisez à tout va, y compris pour des choses sans intérêts, il sera difficile pour votre cheval de juger les situations où le « non » est justifiée (et où il est primordial qu’il y réponde), de celles qui ne le sont pas. Le deuxième point important pour que votre « non » est un sens pour lui, ce sera votre rigueur au niveau du « cadre » que vous allez mettre en place. Si face à une situation où le « non » est requis, vous ne l’utilisez qu’une fois sur quatre, vous n’aurez pas non plus l’efficacité recherchée. Pour que cela ait du sens pour votre cheval, qu’il comprenne ce qui est réellement interdit, et que cela puisse contribuer à ses apprentissages, il vous faudra être constant.e et rigoureux .se dans vos demandes, et cela demande que vous soyez déjà clair.e et en accord avec vous-même.
Perte de sens et d’efficacité…mais pas que !
Une autre question que j’aimerai à présent vous inviter à vous poser, c’est tout ce qui se cache « derrière » ce mot. À travers le « non », que véhiculez-vous à votre cheval ? Quel impact ces trois petites lettres peuvent-elles avoir sur votre relation ?
La plupart du temps, lorsque l’on est dans la négation, les émotions que nous éprouvons sont elles aussi négatives. Sans forcément nous en rendre compte, nous allons exprimer du mécontentement, de l’agacement, de la déception, parfois même de la colère. Tout autant d’émotions qui vont venir assombrir l’ambiance de votre séance, ternir le moral de votre cheval (qui pour le coup n’éprouvera aucun plaisir !), et surtout, cela ira à l’encontre d’une relation épanouie et harmonieuse et pourra même, dans certains cas, nuire à sa confiance en lui, et en vous.
Ne vous est-il jamais arrivé de vous retrouver triste ou de mauvaise humeur après avoir côtoyé une personne, alors qu’avant cela vous étiez souriant.e et jovial.e ? D’avoir l’impression de vous être fait « pollué.é » par tout ce que dégageait cette personne de négatif ? C’est tout simplement ce que l’on appelle la contagion émotionnelle. Il s’agit d’un transfert d’états affectifs d’un individu à un autre, de manière rapide et non consciente, et cela peut se produire entre humains, entre animaux, mais aussi entre espèces. Lorsque vous envoyez, parfois malgré vous, des émotions négatives à votre cheval, cela pourra également avoir un effet sur son humeur à lui et sur son moral. (La contagion émotionnelle est d’ailleurs très présente chez les chevaux, et vous l’avez certainement peut-être déjà observée. Par exemple au pré, lorsqu’un cheval ressent de la peur, cette émotion se transmettra rapidement au reste du troupeau, sans que ses membres n’aient forcément été en contact de l’élément déclencheur. Ce processus permet d’envoyer un signal aux autres chevaux concernant la présence d’un danger, et de leurs permettre de fuir rapidement pour s’en protéger.)
Mais alors, comment faire ?
Commencez tout d’abord par vous poser quelques questions : « Pourquoi ai-je envie de lui dire « non » ? », « Y a-t-il un mot par lequel je pourrai remplacer cette négation ? »…
Par exemple, si votre cheval ne tient pas en place, demandez-lui plutôt de s’immobiliser; s’il gratte le sol de son sabot, demandez-lui alors de poser son pied; etc. Au lieu d’appuyer le négatif, aidez-le en lui expliquant vraiment ce que vous attendez de lui ! Votre « non » ne lui donnera pas la solution, mais « pas bouger » ou « pose ton pied », oui ! Et lorsque votre cheval répondra à votre demande, félicitez-le ! Si votre cheval se trompe, n’hésitez pas à redemander (en ayant préalablement veiller à ce que son attention soit sur vous), et encouragez-le avec bienveillance et enthousiasme. Vous serez alors dans du positif, vous transformerez une situation négative en agréable, vous ne pointerez plus les « erreurs » de votre cheval mais soulignerez ses réussites !
C’est cet état d’esprit là qui vous permettra de nourrir votre relation, et de permettre à votre cheval de prendre plaisir lorsqu’il est avec vous ! (Bien-sûr, pour aller encore plus loin dans la compréhension de votre cheval, je vous conseille également, en présence d’un comportement qui vous dérange, de vous questionner sur la cause de cette action, car très souvent, ce que vous voyez n’en est que la conséquence ! 😉 )
La prochaine fois que vous serez avec votre cheval, écoutez-vous… Combien de fois lui dites-vous « non » ? En aviez-vous conscience ? Par quels mots pourriez-vous le remplacer ?
Et surtout, souriez ! Riez ! Prenez plaisir à partager ces moments avec votre cheval, soyez à l’écoute, tolérant.e, patient.e, empathique et bienveillant.e, communiquez-lui toutes vos joies et vos émotions positives, car c’est aussi par cela que se renforce le plaisir de votre cheval, sa motivation et sa concentration. Ce sont tous ces moments vécus ensemble, dans la joie et la bonne humeur, qui donneront à votre cheval un sens et une raison à aimer ce que vous lui proposerez, et l’envie d’en partager toujours plus avec vous !