Il y a certaines notions équestres dont on entend souvent parler sans qu’elles soient forcément claires. Je trouvais intéressant de faire un petit rappel concernant les renforcements négatifs (R-) et positifs (R+), trop souvent connotés. En effet, concernant ces deux types de renforcements, positif et négatif ne signifient pas bon et mauvais, mais sont à comprendre au sens mathématique de l’addition et de la soustraction. Je profite de ces quelques explications pour vous partager ma manière de m’en servir.

Le renforcement négatif (R-)

Le R- est le type de renforcement le plus couramment enseigné en équitation: on exerce une pression (jambes, rênes, …) et on cède lorsque le cheval cède. Ce servir du R- peut-être un outils pédagogique utile, à condition qu’il soit utilisé dans le respect du cheval et intelligemment, sans excès, car il y a une grande différence entre exercer une légère pression ou mettre un coup de cravache. Je rajouterais même qu’il peut y avoir pression sans inconfort, et surtout inconfort ne signifie pas douleur! Le R- consiste à obtenir une cession par compréhension et réflexion du cheval et certainement pas une soustraction reflex à la douleur.

Pour ma part, lorsque je me sers de R- pour certains apprentissages, je veille à ce qu’il s’agisse uniquement d’une action de soustraction au sens « mathématique », sans qu’il n’y ait jamais d’inconfort, le contact doit rester agréable pour le cheval. Par exemple, pour enseigner au cheval à déplacer ses hanches, j’exerce une légère pression de la main au niveau du flanc ou de la cuisse pour initier le mouvement et je relâche lorsqu’il engage son postérieur, mais à chaque fois j’accompagne le cheval de ma voix, avec le mot « tourne » et mes félicitations dès qu’il déplace son postérieur.

R- et R+ s’équilibrent toujours, et ainsi je parviens à réduire le temps de compréhension du cheval, tout se fait en douceur et avec pédagogie. Je peux ensuite très rapidement supprimer l’étape de stimuli physique, n’utilisant alors que mot et geste.

Le renforcement positif (R+)

Lorsque l’on pratique le renforcement positif, l’outil principalement utilisé est la récompense alimentaire. Il y a quelques temps encore, cette pratique pouvait être mal vue en équitation classique, cette dernière privilégiant la cravache à la carotte. Si utiliser la récompense avec un chien ne pose aucun souci, dès qu’il s’agit d’un cheval on va craindre que cela ne le rende envahissant, « irrespectueux », voire mordeur. Pourtant, utilisé à bon escient et avec méthode, la récompense s’avère être un outil très efficace.

De récentes études menées par l’INRA atteste des effets de la récompense alimentaire, elle aide le cheval à comprendre plus facilement l’action qu’il doit réaliser, et le motive à le faire. La récompense aide également à créer un climat de séance agréable et détendue, et un cheval dont le stress est réduit sera beaucoup plus performant dans ses apprentissages.

Pour utiliser la récompense à des fins pédagogiques, il faut bien sûr prendre le temps de mettre sa pratique en place, afin que même les chevaux les plus gourmands y aient accès dans les meilleures conditions. Il faut ainsi apprendre au cheval à attendre que ce soit la main qui porte la carotte à sa bouche et non l’inverse. Lorsque l’on travaille à la voix, l’enseignement du « tu attends » est incontournable. Le deuxième facteur important est la notion de timing, donnée trop tard, le cheval n’associera pas forcément la récompense à son action.

Pour résumer, la récompense permet de féliciter une action juste, de motiver son cheval, de créer une atmosphère de travail agréable. Vu que c’est un élément qui vient s’additionner à la réponse du cheval, on parle bien sûr de renforcement « positif/+ ».

Un autre outil que l’on peut ajouter à la réponse du cheval est la félicitation. Souvent il s’agit d’une caresse, mais celle qui selon moi a le plus d’impact est la félicitation orale. Adresser un grand « ouiii! » à son cheval, avec méthode, en veillant à mettre de l’intensité et du sentiment dans votre voix seront extrêmement impactant pour lui.

Dans ma pratique du R+ la récompense intervient dans un second temps, la voix y tenant la plus grande place.